
05 Jan 11th Business & Society Seminar
19 Janvier 2017 / 14h00 – 15h30 (salle 2410) / ESCP Europe, Campus de Paris
“Les humains vont ils remplacer les robots? Du travail formel au digital labour”
Antonio Casilli (Telecom ParisTech & EHESS)
Le débat actuel est marqué par le dépassement annoncé des catégories héritées de la culture du travail du siècle passé : emploi, protection, subordination. Les prophéties dystopiques du « grand remplacement » des travailleurs par des processus automatisés et les fantasmes de gouvernance des activités productives par « les algorithmes », représentent autant de discours d’accompagnement qui visent à prescrire un cadre théorique au sein duquel le changement économique et social est présenté comme une évolution inéluctable et linéaire. Mais l’essor du paradigme des plateformes numériques ne sonne pas le début d’une civilisation « post-labouriste ». Au contraire il réaffirme la centralité de la notion de travail, ainsi que le recours de la part des entités de marché actuelles à des formes intensives de captation de valeur à partir du contributions humaines pour assurer des services, entraîner les intelligences artificielles, faire fonctionner les robots industriels. Les annonces de la disparition de 47% des emplois humains (Frey & Osborne, 2013) représentent une fausse piste. Le fait est que les activités productives ont tellement évolué que le travail actuel est en manque de reconnaissance. Littéralement, on ne le reconnait plus quand on l’a sous les yeux. Et nous l’avons sous les yeux quand nous nous penchons sur le digital labor, c’est-à-dire sur l’articulation complexe de consommateurs/producteurs, de tâcherons du clic, de faux freelances dans un rapport de subordination technique aux plateformes numériques.